Shin : Le coeur, l’esprit / Gi : la technique, l’habileté / Taï : le corps
Il y a des termes que l’on retrouve souvent dans les arts martiaux. Mushin et shin gi taï en font partis. Ils sont même considérés comme des objectifs pour tous ceux qui se consacrent longuement à la pratique martiale.
Mushin est parfois traduit par l’esprit vide… Personnellement, je préfère l’esprit libre, disponible, non fixé. Sinon cela reviendrait un peu à confondre légèreté et mollesse, structure corporelle et contraction musculaire.
Le problème lorsque l’on nous dit qu’il ne faut pas penser, c’est que l’on se met immédiatement à penser qu’il ne faut pas penser. Et donc on pense… Vous me suivez ?
Plutôt que de dire qu’il n’y a pas de pensée, il vaut mieux essayer de ne pas fixer ses pensées. Les laisser libres, ouvertes à l’environnement qui nous entoure et disponibles afin d’appréhender au mieux le moment présent, et donc le futur qui suivra dès l’instant d’après.
Si je m’intéresse à cela aujourd’hui, c’est une fois de plus dans l’espoir d’aider si possible certaines personnes à améliorer leur pratique et leur progression. Et dans cet article, nous allons voir qu’il est possible de découper l’apprentissage en trois étapes séparées, mais connectés.
Découvrir et forger, corriger et polir, puis mettre en application.
Première étape, DÉCOUVRIR et FORGER
C’est tout d’abord découvrir un mouvement pour en avoir une image grossière.
Puis comprendre ses spécificités (positions des pieds, des mains, du corps, les différentes phases du mouvement…) pour que notre cerveau enregistre ce nouveau mouvement.
Enfin, il va falloir répéter, répéter et répéter pour que le corps puisse à son tour lui aussi assimiler le mouvement.
Deuxième étape, CORRIGER et POLIR
Après avoir fait connaissance avec un nouveau mouvement. Il faut évidemment chercher à améliorer son exécution.
Il s’agit donc de commencer cette étape par prendre conscience de nos erreurs (sur la technique bien sûr, mais aussi sur le placement, la posture, les appels et autres mauvaises réactions non contrôlées …)
Une fois les erreurs identifiées, il faut analyser comment faire pour éviter ces pièges et réussir à les éliminer.
Puis enfin les corriger en travaillant spécifiquement la (ou les) phase qui pose problème, puis en portant notre attention dessus lors de l’exécution du mouvement complet.
Troisième étape, APPLIQUER
Appliquer, c’est d’abord essayer de mettre en application la forme que l’on a acquise avec les principes qui y sont associés. Et s’il s’agit d’essayer , il faut bien entendu accepter l’échec car on ne réussit pas à tous les coups, et encore moins du premier.
En effet, pour mettre en application un mouvement il faudra bien souvent adapter son positionnement, sa forme de corps, et peut-être même la forme de la technique en fonction de l’autre. Car une technique s’applique à deux. Ce serait donc une erreur de se focaliser uniquement sur notre mouvement sans porter attention à ce lien, cette interaction qui se crée avec le partenaire.
Ainsi, on arrivera à l’objectif attendu, maîtriser. Mais il ne s’agit pas de maîtriser uniquement le mouvement ou le partenaire. Il s’agit plutôt de maîtriser l’ensemble : la technique, la situation, l’autre, et surtout l’instant présent.
Ces trois étapes peuvent bien sûr s’entrecouper et se travailler ensemble. Un peu l’une, un peu l’autre, mais jamais en même temps. Il y a un temps pour tout. Et à vouloir réussir trop, tout de suite, on risque fortement de ne pas retirer le meilleur de chaque étape. Et donc, ralentir sa progression.
De Shoshin à Mushin
Dans notre parcours et notre pratique, il faudra donc régulièrement savoir retrouver l’esprit du débutant, shoshin. Car même si l’on est expert de tel domaine, ou tel technique, on apprendra toujours. Et régulièrement, on se retrouvera face à une nouveauté pour laquelle il faudra débuter par les phases de découverte et de compréhension.
Il faudra aussi garder l’esprit vigilant et alerte, zanshin, pour prendre conscience des erreurs et les analyser.
Face à la difficulté, il faudra garder un esprit décidé et inébranlable, fudoshin, pour rester concentrer sur les corrections, puis déterminé à ne rien lâcher lors des répétitions.
Et enfin mushin, l’esprit libre, indispensable pour appliquer le mouvement tout en s’adaptant à l’autre, et peut-être réussir à maîtriser l’instant.
Chercher à s’approcher de cela, c’est chercher à s’approcher de la perfection, et du shin gi taï.
Shin gi taï ichi est un principe d’unité entre la corps, l’esprit et la technique.
Principe recherché par l’ensemble des budoka.
Pour arriver à cette étape, l’esprit devra être libre et ne pas être un cadenas à l’action. Ainsi l’intention se placera d’elle même au service de la technique.
Technique qui sera tellement assimilée qu’elle se fera naturellement, instinctivement et avec fluidité.
Le corps devra alors être disponible, léger, sans tension inutile, prêt à devenir l’instrument de la technique.
Et pour cela, il faut s’entraîner.
Forger, polir, et appliquer encore et encore…
Attention donc à ne pas se croire arrivé trop tôt.
Car même si l’on peut parfois progresser très vite, le chemin ne s’arrête jamais et se prolonge toujours.
Bonne pratique !
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