Etre gentil et le mettre en pseudo réussite, est différent d’aider son partenaire.
Est-ce que l’on préfère être conscient de ses erreurs et progresser petit à petit, ou avoir l’illusion d’être bon ?
Intéressons nous d’abord à la progression
Personnellement, je pars du principe que l’on progresse, ou que l’on régresse. On ne stagne pas. Parfois on en a l’impression, mais si l’on travaille correctement, nul doute que la phase de progression est en marche et que ce n’est qu’une question de temps avant que les résultats soient visibles. Dans le cas contraire, même si l’on ne voit pas de changement sur le moment, on passe dans une phase de régression, qui elle aussi ne sera visible que dans quelques temps. Ce qui est fait est fait, impossible de revenir en arrière.
Très vite, dès la phase de découverte passée (quelques semaines à quelques mois pour un débutant suivant le nombre de séance effectués et l’implication de chacun) le pratiquant n’aura pas d’autre choix que d’essayer de faire mieux à chaque fois. Sinon, il va malheureusement vite basculer vers une régression légère, mais une régression tout de même.
Voyons cela d’un point de vu statistique.
- Au départ, un débutant va effectuer 100 fois un enchaînement que l’on noterait 1/10.
- Puis après quelques explications et entraînements, il va le faire 100 fois à un niveau de 3/10.
- Il s’améliore encore et après quelques temps fait maintenant 100 fois l’enchaînement noté 5/10.
- Puis le travail paye et les 100 prochains arrivent à 7/10.
- Et les 100 suivants à 8/10.
Ce pratiquant a donc effectuer 500 enchaînements. Mais il ne faut pas croire que parce qu’il a réussit à les faire au final à 8/10, ses techniques seront toujours d’un niveau 8/10. Il faut plutôt logiquement imaginer une moyenne (Usain Bolt ne cours pas tous les jours le 100 mètres en 9sec58). Et finalement, si l’on fait la moyenne statistique des techniques évoquées précédemment, on arrive à 4,8/10. Pas fameux hein…
Bien sûr, il est possible d’améliorer cette moyenne. Mais pour cela, il faut essayer de ne faire que des enchaînements à 8/10, voir 9/10. Il faut en permanence se tirer vers le haut.
Le cerveau et le corps sont comme un ordinateur. Chaque mouvement et enchaînement que l’on fait crée une sorte de programme. Il faut donc nous programmer correctement et affiner cette programmation au plus juste.
Il est important d’éviter de faire quelque chose qui n’est pas correct et d’un niveau inférieur à ce dont on est capable. A la limite, il vaut mieux ne rien faire, plutôt que faire quelque chose de mauvaise qualité.
En bref, lorsque on pratique, on doit toujours chercher à faire mieux.
Pour en revenir à notre sujet qui est d’aider notre partenaire. Si en croyant aider mon partenaire, je le mets dans une situation de pseudo réussite, en arrêtant ma technique, ou en restant figé ; non seulement je ne l’aide pas à évoluer, mais je ne m’aide pas non plus. Car en faisant cela, mon enchaînement ou ma technique devient mauvaise et va donc profondément faire chuter ma moyenne. Et avec une moyenne basse, il ne faut pas croire que le jour J où je voudrais faire ma technique correctement, ou pire si j’y suis obligé, ma technique sera au niveau de mes meilleurs réussies jadis… non non non, elle sera plutôt au niveau de la moyenne, voir même en dessous lorsque l’on se retrouve en situation de stresse, de blessure, de maladie.
Ce qui vaut pour l’un des partenaires vaut pour l’autre.
Lors du travail à deux, il y a souvent confusion entre le travail que je dois faire, celui que doit faire mon partenaire, et celui que l’on doit faire ensemble.
Pour ma part, je pense que les choses peuvent se prendre indifféremment dans les deux sens.
Lorsque on essaie d’interagir avec son partenaire en s’harmonisant réciproquement au travail de l’autre et en améliorant la qualité du « lien » qui nous uni dans l’exercice (awase et musubi), cela aura tendance a nous emmener naturellement vers un travail de qualité pour chacun des deux partenaires. Dans l’autre sens, si chacun donne le meilleur de soi (qualité technique, fluidité, distance, timing), l’échange avec le partenaire sera logiquement de qualité également et l’awase musubi finira par se faire naturellement. Ainsi les deux partenaires progressent ensemble.
Par contre, si l’on modifie son enchaînement, ou bien qu’on le segmente pour que le partenaire réussisse, on ne travaille pas correctement de son coté. Le cerveau et le corps l’enregistrent, c’est indéniable. Et on fait donc baisser sa moyenne statistique. De son côté, le partenaire, est mis dans une situation de réussite qui n’est qu’illusion, et même s’il croit peut-être réussir à interagir correctement avec le partenaire, il n’en est rien. Il fait donc lui aussi baisser sa moyenne.
Notre progression est donc dépendante de celle de nos partenaires. On progresse ensemble, ou on régresse ensemble.
Comment aider son partenaire ?
Cela va certainement paraître logique, mais pour aider son partenaire,
il suffit de lui montrer ses erreurs.
Cela ne veut pas dire qu’il faut aller plus vite ou plus fort, car si le partenaire n’est pas d’un très bon niveau, on ne fera que l’écraser, voir le blesser. Et cela ne nous fera pas évoluer. Comme je l’ai dit, nous avons besoin des partenaires pour progresser, il ne faut donc pas vouloir bomber le torse et se mettre en avant en montrant que l’on est meilleur et en écrasant le partenaire tant dans la puissance que dans la vitesse. Cependant, pour progresser il faut deux partenaires de qualité, et pour cela, il ne faut pas se mentir à soi-même, et ne pas mentir à nos partenaires.
Ne créons pas une réussite illusoire, et acceptons la réalité. Oui, nous ne faisons pas de techniques parfaites. Et c’est pour cela que l’on s’entraîne avec passion encore et encore.
N’oublions pas qu’il y a pire que de ne pas savoir. C’est de croire que l’on sait.
En situation de danger par exemple, celui qui ne saura pas va essayer d’éviter, alors que celui qui croit pouvoir s’en sortir va tomber en plein dedans.
Soyons bienveillant mais juste avec nos partenaires.
- Un trou dans sa garde. On lui dit et on lui montre en touchant sa tête gentiment.
- Une instabilité. On le bouscule légèrement pour lui montrer son déséquilibre.
- Un perte de contact. Faisons lui remarquer en bougeant, en s’échappant.
- Un appel. On le contre doucement pour lui montrer qu’on l’a vu démarrer.
- Son esprit est ailleurs, mettons lui une certaine pression avec notre regard et notre intention.
- Le partenaire bloque notre technique, on lui dit et on fait autre chose.
Etc…
Il ne faut pas négliger les étapes de progression, et ne pas en sauter.
- D’abord la forme technique
- Puis l’enchaînement
- La fluidité
- Ajouter de la vitesse
- Et enfin de la puissance
Il ne faut pas hésiter à ralentir le rythme pour gagner en qualité. Car on ne peut pas se corriger à grande vitesse. Il ne faut pas tricher et accélérer pour prendre de vitesse le partenaire qui lui nous attaque lentement. La vitesse cache bien souvent nos erreurs et nous fait penser que… mais il est illusoire de croire qu’on sait faire rapidement quelque chose que l’on n’est pas capable de faire lentement. Si on ne sait ni tirer à l’arc, ni monter à cheval, on ne va pas essayer de tirer à l’arc sur un cheval lancé au galop. Si on ne sait pas taper un drop tranquillement dans son jardin, il ne faut pas imaginer en réussir un en plein match avec quinze All Blacks prêts à nous couper en deux.
Restons honnête avec nous même. Travaillons à notre niveau et augmentons les difficultés au fur et à mesure. La qualité demande déjà beaucoup d’application et de travail, alors ne nous mettons pas en plus des bâtons dans les roues.
Pour progresser et faire progresser son partenaire, il y a aussi une recette simple.
Toujours faire ce qui est le mieux pour nous
On peut parfois être un peu « égoïste », car en pensant à notre propre progression et à ce qui est le mieux pour nous (contrer, esquiver, lâcher, s’échapper, frapper …) on donnera un maximum de qualité à notre enchaînement, notre partenaire sera peut-être touché, déséquilibré, contré … mais lui aussi sera obligé de tirer son niveau vers le haut afin de ne plus être touché, déséquilibré, ou contré. Ainsi il nous rendra une qualité de travail équivalente, et dans ce cas, nous progresserons tous les deux.
N’oublions pas non plus que si nos partenaires ont tel ou tel défaut, il est plus que probable que nous puissions les avoir aussi. Il faut donc encourager notre partenaires à nous les indiquer. De ce fait, il sera plus à même d’accepter à son tour que nous lui indiquions les siens.
Attention toutefois, notamment lorsque l’on travaille avec des débutant, cela ne sert à rien d’indiquer six, huit, dix défauts à notre partenaire. Il en serait submergé, peut-être découragé, et cela ne sera bénéfique, ni pour lui, ni pour nous. Avançons par étape. Donnons lui une ou deux corrections et ce sera déjà super s’il réussit à les corriger. Et nous aussi 😉
Après, il y aura toujours des partenaires pour qui mettre le poing sur le nez ne suffira pas à leur faire comprendre que leur mouvement n’est pas bon. Il faut se rendre à l’évidence, tout le monde n’est pas prêt à accepter les critiques et a se remettre en question. Mais tant pis pour eux. Et franchement, je ne peux que vous conseiller de passer votre chemin et d’aller trouver un autre partenaire plus à même d’évoluer à vos cotés. Accepter de travailler avec tout le monde, y compris les débutants, est une chose. Perdre son temps avec des gens qui ne veulent pas travailler et progresser en est une autre. Personnellement, cela fait quelques années que j’ai arrêté d’être trop sympa avec certains. L’entraide et la bêtise sont deux choses différentes.
On progresse ensemble, ou on régresse ensemble. Faisons notre choix. Et soyons conscient que l’on reste élève toute sa vie. Et comme tout le monde, on a chacun nos défauts et nos erreurs. Prenons-en conscience et nous aurons déjà fait un grand pas sur le chemin de la progression.
Effectivement la notion de partenaire d’entraînement est un sujet passionnant. Il y a tant à dire à ce sujet. On ne peut effectivement pas progresser sans les autres. Merci d’insister sur la justesse et la qualité du travail. Accepter la critique, voilà aussi un bon moyen pour faire taire son Ego.
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Bonjour Areski
Merci pour ton commentaire.
Il est vrai que c’est un sujet passionnant.
Ne pas confondre la complaisance avec la coopération et l’entraide
Ne pas oublier que les deux partenaires travaillent et qu’il n’y en a pas un qui est là juste pour faire joli et attendre son tour.
Accepter que si les partenaires sont meilleurs que nous et qu’ils nous indiquent nos erreurs, ils nous feront progresser.
Accepter d’être mis en difficulté, hors de nos habitudes.
De quoi parler durant des heures ou écrire des livres entiers.
J’espère que ces quelques mots permettront à certains de se rendre compte, et qu’ainsi ils deviendront meilleurs, et pourront par conséquent rendre leurs partenaires meilleurs à leur tour.
C’est alors le Budo en général qui y gagnera en qualité.
Bonne continuation à toi.
Amicalement
Nicolas
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[…] de se faire corriger, chacun attend un retour du partenaire, avec engagement et bienveillance. Un échange se fait à deux, il faut donc être juste et ne pas faire semblant avec l’autre. Ne pas chercher à le […]
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[…] Aider son partenaire pour progresser ensemble […]
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[…] partenaires qui travaille, et en plus pour de faux. Mettons plutôt ce temps à profit pour que chacun travaille à chaque instant. Que chacun fasse ce qui est le plus logique, utile et vraisemblable pour lui. […]
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[…] d’esprit, un passage obligé vers le fond. A côté du travail, le talent n’est rien. Aider son partenaire pour progresser ensemble. C’est […]
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