Dix questions à Léo Tamaki

J’ai posé mes dix questions à Léo TAMAKI

Léo Tamaki

Nom : TAMAKI
Prénom : Léo
Date de naissance : 1974
Discipline : Aïkido Kishinkaï
Dojo : Korindo
Site Internet : www.leotamaki.com
Tes senseï (d’avant et d’aujourd’hui) : La liste des gens que je considère comme mes maîtres est longue, mais ceux dont je puis me revendiquer sans être présomptueux est courte. Certains ne sont donc pas mentionnés non pas parce qu’ils ne m’ont pas marqué, mais parce qu’affirmer que j’ai été leur élève serait prétentieux.

David Huynh, Jacques Bardet, Tamura Nobuyoshi, Hino Akira et Kuroda Tetsuzan.

Les 10 questions

1 – Pourquoi et quand as-tu débuté les arts martiaux ?

J’ai débuté la pratique martiale par le Judo à six ans, parce que ma mère pensait qu’il serait bon pour moi d’avoir une activité en rapport avec la culture de mon père qui est japonais.

2 – Pourquoi continuer ?

Parce que j’aime ça !

Après, clairement il y a eu des motivations différentes le long de mon parcours. Obéir à mes parents. Puis impressionner les copains. Puis les filles. S’affirmer, se défouler, trouver une réponse aux questions existentielles…

Il y a toujours un faisceau de raisons multiples qui nous animent. Mais je crois qu’avant tout, on continue à pratiquer parce qu’on y prend plaisir. C’est une voie si exigeante, si difficile, qu’il me semble impossible de persévérer dans la durée si c’est une souffrance. On ne peut pas éviter les difficultés et les efforts, mais aimer pratiquer permet de les dépasser.

3 – Les orientations de ta pratique ?

Je m’appuie sur un contexte martial très concret et cohérent, car c’est le postulat le plus exigeant. Celui qui nous permet de développer le plus rapidement et profondément nos perceptions et notre conscience.

4 – Comment s’entraîner ?

Avec constance et en étant présent à ce que l’on fait. La régularité et la persévérance sont essentielles, et elles ne doivent pas dépendre de facteurs extérieurs comme la disponibilité d’un lieu ou d’un partenaire. Enfin, pratiquer l’esprit vide est évidemment une perte de temps.

On peut pratiquer pour une durée limitée, seul et n’importe où. Tant que cela est fait en conscience, les progrès seront au rendez-vous. Et il est à mon sens essentiel de le faire quotidiennement. Ca peut par exemple « simplement » consister à travailler des éléments de sa marche.

5 – Comment enseigner ?

Avec générosité et sincérité.

Etre enseignant ne doit pas être un objectif. C’est une responsabilité que l’on peut être amené à assumer lors de son cheminement. Il n’y a aucune fierté particulière à en retirer.

Il faut aussi transmettre avec la plus grande franchise. Cela ne signifie pas qu’il faille tout expliquer ou montrer immédiatement, mais il ne doit pas y avoir de rétention d’information, ou de réponses volontairement vagues dans le but de freiner les progrès des élèves. Bien entendu on peut volontairement laisser le pratiquant trouver des réponses en lui posant le problème adéquat. Mais en tant qu’enseignant l’objectif est de faire évoluer l’élève vers l’autonomie.

6 – L’évolution des arts martiaux ?

L’image que l’on a des pratiques du passé n’est que supposition. Au fil du temps j’ai maintes fois révisé mon opinion sur ce que cela pouvait recouvrir. Comment pratiquaient les bushis ? Et les guerriers dans les autres civilisations ? Les éléments qui nous permettent d’affiner nos postulats sont nombreux, mais au final ce ne sont que des hypothèses. Il est donc difficile de savoir quelle a été l’évolution jusqu’à aujourd’hui car… on ne sait pas exactement d’où l’on vient.

Concernant le futur… cela ne peut aussi être que supposition. La pratique martiale recouvre aujourd’hui des choses très différentes qui vont parfois dans des directions diamétralement opposées. La société qui met de plus en plus de choses à disposition de plus en plus facilement, influence évidemment les attentes des pratiquants. On peut se lamenter, mais il est peu probable que cela inverse le cours des choses.

Il n’est naturellement pas question de tromper un élève, et je crois qu’il est essentiel dès le départ de ne pas cacher le fait que la pratique martiale ne révèle toutes ses richesses qu’au prix d’efforts certains, et d’un investissement dans le temps. Toutefois si l’enseignement est clair et efficace, je suis confiant dans le fait qu’il peut séduire même à notre époque. Si la maîtrise est affaire d’une vie, un nouveau venu doit pouvoir comprendre la direction de travail, et observer des progrès concrets rapidement. C’est effectivement un grand travail pour un enseignant, au regard d’un passé récent où la majorité des élèves ne posait pas de questions, et se contentait de réponses telles que « Tu comprendras plus tard. ». Mais je pense d’une certaine manière que cela peut profiter à la discipline.

En termes chiffrés, je crois naturellement que la pratique martiale ira en décroissant. Les pays dont la situation économique s’améliore reste toutefois de gros viviers de pratiquants pour le futur. Il y a donc encore une certaine marge avant qu’il y ait une baisse globale, et sans doute sans retour, du nombre total d’adeptes.

7 – Un enchaînement technique?

Irimi et atémi ! Un des fondements de l’Aïkido dont je trouve malheureusement souvent les illustrations pour le moins approximatives.

8 – Une anecdote ?

L’événement qui a changé ma vie à un point que je n’aurai jamais imaginé est ma rencontre avec Tamura senseï. Ce que j’ai ressenti ce jour-là continue aujourd’hui encore de m’inspirer. C’était un homme avec ses qualités et ses défauts, et j’ai rencontré d’autres géants lors de mon parcours. Mais il est et restera pour moi l’image du Budoka.

9 – Un coup de gueule ?

Non 🙂 Je ne suis pas quelqu’un de patient, et je bouillonne souvent. Si je comprends donc fort bien que l’on soit en désaccord ou même simplement agacé, je n’apprécie pas que cela soit fait sous forme de coup de gueule. Cela manque foncièrement d’élégance 😉

10 – Le futur ?

Comme j’ai abordé la question de l’évolution des arts martiaux de façon globale plus haut, et que je fais rarement des projets pour les autres, je vais simplement parler de moi 😀 J’ai simplement comme objectif de continuer à pratiquer autant que possible, et à transmettre mes recherches à ceux que cela intéresse.

Un grand merci Léo pour tes réponses.

Vous pouvez retrouver tous ceux qui ont accepté de répondre à mes dix questions sur la page Les 10 questions

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