Tout pratiquant d’arts martiaux vise continuellement à améliorer ses techniques. Et pour le karateka que je suis, il est logique de m’intéresser à la réussite de mes frappes. C’était d’ailleurs le thème que j’avais choisi d’aborder lors du premier des stages mensuels de la saison au dojo.
Pour un premier stage, j’avais peur que ce soit un peu austère, mais j’ai tout de même choisi d’aborder cela car je pense que c’est un travail qui sera utile à tous, tout au long de l’année.
Avec une douzaine de stagiaires présents, et d’après leurs commentaires à l’issue de la journée, il semble que j’ai bien fait car ce stage fut apparemment très intéressant pour tout le monde et je m’en réjouis.
Petit aide mémoire pour ceux qui étaient présents, informations pour les autres, voici mes points clés pour réussir ses frappes :
- Le bon moment (le temps)
- Le bon endroit (la cible)
- La bonne technique (utilisation du corps, trajectoire, placement de l’outil)
Il est important de bien prendre conscience de cet ordre, car c’est celui-ci qui à mon sens nous apportera l’efficacité de notre technique.
D’abord, le temps, car même si la technique est « parfaite » et que la cible est bien visée, une frappe initiée trop tôt ou trop tard n’atteindra vraisemblablement pas son but. Trop tôt, l’adversaire la verra venir et pourra la parer ou en limiter les dégâts. Trop tard, il aura bougé, ou pire, m’aura déjà touché.
Le bon moment est donc le plus important. Car même si l’on rate la cible ou que notre mouvement n’est pas optimal, en étant dans le temps on pourra malgré tout toucher l’adversaire et prendre un ascendant sur lui.
Le bon moment, c’est donc cet instant où l’adversaire s’est engagé dans sont attaque, sans retour en arrière possible, et que je l’intercepte avant la fin de son mouvement. Sa force (l’engagement de son corps) s’opposant ainsi à celle de ma frappe.
Ensuite, dans l’ordre d’importance, je mettrais la cible.
Car si l’on est dans le bon temps et au contact de la bonne cible, même une technique un peu « bâtarde » pourra causer des dégâts importants. Il suffit de regarder quelques combats de boxe se terminant par un KO pour s’en rendre compte.
Sans rentrer dans les détails des zones anatomiques à viser ou autres kyusho waza, on peut simplifier en disant que les bonnes cibles sont des endroits fragiles du corps. Et pour les connaître, il suffit de commencer par se baser sur son expérience. Car nous avons tous déjà reçu des « petits coups » (en apparence) qui se sont avérés plus que désagréables, handicapants, voir « paralysants ». Si vous cherchez les bonnes cibles, et bien elles sont là.
Enfin, la qualité de la technique. On parle ici de la qualité au sens biomécanique. Puisque d’un point de vue pratique, comme dit précédemment, une technique faite au bon endroit et dans le bon temps serait déjà une bonne technique. Mais d’un point de vue biomécanique, pour que la technique engendre un maximum de dégâts, il faudra trois choses :
- que la trajectoire se termine perpendiculairement à la zone cible afin que l’ensemble des forces (d’un point de vue de la physique et non des muscles) agissent dans la même direction, celle de l’impact.
- que l’outil qui frappe minimise sa surface au point d’impact afin de concentrer les forces qui impacteront la cible.
- que ce soit l’ensemble du corps qui participe à la frappe. L’intensité des forces mises en jeu sera en effet proportionnelle à la masse totale participant au mouvement. Il faut donc que le corps soit correctement organisé, et qu’il ait un appui dans le sol afin d’y puiser sa puissance tout en étant capable de s’opposer aux forces résultantes du retour de l’impact.
En résumé, une technique correcte, sur une cible pertinente, au moment où l’adversaire s’engage.
Ceci étant dit, il faut bien garder en tête que je parle ici d’une frappe optimale, d’un idéal. Bien évidemment, toutes ces conditions ne seront que très rarement réunies, peut-être même jamais, et néanmoins vos frappes pourront être efficaces. Fort heureusement, il ne faut pas toujours que quelque chose soit parfait pour fonctionner. Mais rien ne nous empêche de nous y entraîner pour se rapprocher petit à petit de l’excellence, de cet idéal.
Et pour se rapprocher de cette excellence, je vous encourage à travailler des enchaînements sur trois temps liés. Une première frappe pour prendre l’ascendant au bon moment, une seconde pour toucher une bonne cible, et une troisième plus décisive une fois l’adversaire désorienté, déstructuré et affaibli.
Notes :
Attention, avoir un appui au moment de la frappe, ne signifie pas rester ancré dans le sol. Au contraire, cet appui doit immédiatement permettre de bouger à nouveau, que ce soit pour poursuivre avec d’autres techniques (frappes, projections, …), se protéger (si la frappe n’a pas eu un effet suffisant et entraîne une riposte), ou s’occuper d’un autre adversaire potentiel.
Je n’ai pas non plus parler des « appels » et autres « tics » que l’on peut avoir au moment d’effectuer une technique. Premièrement parce que s’il y en a, la technique n’est tout simplement pas bonne, ou plutôt pas optimale. Deuxièmement, car cela montrera à l’adversaire que « j’arrive » et prendra du temps. Deux choses qui feront que je ne serais pas là au bon moment, voir même très en retard face à un adversaire expérimenté.
En complément de cet article traitant de l’efficience des frappes, n’hésitez pas à lire cet ancien article à propos de l’efficacité.