J’ai posé mes dix questions à Jérôme Kadian.
Nom : KADIAN
Prénom : Jérôme
Date de naissance : Août 1968
Discipline : Systema
Dojo/Club : Systema France
Site Internet : systemafrance.com
Tes enseignants (d’avant et d’aujourd’hui) :
Au Liban, Pierre Aid (Karaté Kyokushinkai), Sami Kiblawi (Kickboxing).
Puis André Zeitoun (Boxe Thai), Jeff Espinous (Kali), Didier Beddar (Wing Chun).
Vladimir Vasiliev et Mikhail Ryabko, et depuis 2014 jusqu’à aujourd’hui Valentin Talanov pour le Systema.
Les 10 questions
1 – Pourquoi et quand as-tu débuté les arts martiaux ?
J’ai commencé le Karaté très jeune car je me faisais harcelé et agressé régulièrement par d’autres gamins du quartier, c’était en 1979.
2 – Pourquoi continuer ?
Je continue car cela me fait beaucoup du bien.
Et je continue à apprendre, à me connaître, et à comprendre l’autre.
Respiration, relaxation, mouvement continuel et alignement du corps (dos droit) nous aident à garder une santé optimale, en gérant mieux les émotions et en évacuant les tensions.
3 – Les orientations de ta pratique ?
Apprendre à se connaitre et se maîtriser (avant d’apprendre à maîtriser les autres).
Gérer ses peurs, travailler sur ses doutes, et garder un œil sur son ego !
Car quand on ne sait pas pourquoi on fait telle chose, cela donne naissance aux doutes. Nos doutes et peurs créent l’agressivité. Et l’agressivité nous fera faire des choses qu’on pourra regretter tout la vie.
4 – Comment s’entraîner ?
S’entraîner lentement si on veut évoluer et s’améliorer rapidement !
Au départ, s’entraîner en vitesse élevée va camoufler nos défauts et nous empêchera de corriger nos erreurs.
Une partie de mon attention doit rester sur mon corps et observer :
Est-ce que je suis en train de respirer avec le mouvement ???
Est-ce que j’ai trop de tensions dans mes épaules, hanches et ventre ???
Mon dos est-il droit ou pas ??? Etc…
Aussi, quand on accélère avant que notre système nerveux soit prêt, nous augmentons le risque de faire des erreurs. La vitesse irrite notre système nerveux, donc augmenter la vitesse doit être très graduel.
5 – Comment enseigner ?
Le Systema est un art martial libre, tellement libre que souvent dans un cours on risque de faire n’importe quoi et tout mélanger sans connexion. Car l’enseignant veut donner beaucoup de variété (pour plusieurs raisons), et on peut finir avec un cours sans queue ni tête.
Ce manque d’une méthodologie précise d’enseignement peut créer la confusion et ralentir l’apprentissage.
Quand nous n’avons pas une méthodologie claire et précise, c’est difficile de comprendre le pourquoi. Cette incompréhension va créer du doute dans notre travail et pourra donner naissance à de l’agressivité.
Après 16 ans de pratique et d’enseignement du Systema, j’ai trouvé quelqu’un qui avait développé sa propre méthodologie d’enseignement. Nous avions appris chez le même fondateur (du Systema) et il a changé ma façon de voir, de pratiquer, et d’enseigner le Systema.
Enseigner est une vocation qui ne convient pas à tout le monde. On peut être un grand guerrier ou un champion, mais ne pas avoir les outils qui facilitent la transmission de la connaissance.
Dans la vie, la meilleure façon d’enseigner c’est d’être un exemple à suivre. Donc si on veut être un exemple, il faut travailler sur soi en permanence (c’est l’essence du Systema).
6 – L’évolution des arts martiaux ?
Pour moi, en général, le principe de la compétition (être meilleur que les autres) nous guide vers l’autodestruction… Je préfère pratiquer et enseigner pour « être meilleur que je l’étais hier » en sachant « qu’il y en a assez pour tout le monde » !
7 – Un enchaînement technique ?
Pas de technique … juste quelques principes : la respiration qui va nous permettre d’avoir suffisamment de relaxation pour garder un mouvement fluide et continuel, garder le dos droit, et l’engagement consécutif des muscles, pour faire le maximum avec le minimum et avoir des mouvements moins visibles.
8 – Une anecdote ?
Mon premier voyage à Toronto pour apprendre le Systema en 1998.
En arrivant j’ai voulu montrer que je n’étais pas un débutant dans les arts martiaux (que j’avais beaucoup d’années de pratique) 🙂 , mais ça n’a pas duré longtemps.
J’étais frustré. Il avait la solution pour tout ce que j’essayais… Et Vasiliev m’a pris à part et m’a dit « c’est super, les choses que tu sais et que tu as apprises (dans les autres arts martiaux que j’ai pratiqués), mais si tu veux apprendre le Systema rapidement, il faut les mettre de côté pour l’instant »
Et c’était la chose la plus difficile à faire. Ça me fait sourire maintenant quand parfois je vois des personnes qui viennent essayer le Systema avec un grand bagage de pratique d’arts martiaux.
9 – Un coup de gueule ?
Pas de coup de gueule…
Mais la pratique du Systema doit être remboursée par la sécurité sociale. 🙂
Car après quelques semaines de cours, beaucoup de problèmes physiques liés au stress et tensions physiques commencent à diminuer et disparaissent finalement avec la respiration et relaxation que l’on pratique dans chaque cours.
10 – Le futur ?
Il n’existe pas ! 🙂 Seulement ICI et MAINTENANT !
Un grand merci Jérôme pour tes réponses.
Vous pouvez retrouver tous ceux qui ont accepté de répondre à mes dix questions sur la page Les 10 questions