Dix questions à Raymond Mallia

J’ai posé mes dix questions à Raymond MALLIA

 

Raymond Mallia

Nom : MALLIA
Prénom : Raymond
Date de naissance : 07/08/1965
Discipline : Taekwondo
Dojo : Dojo Bordeaux
Site Internet : http://www.dojobordeaux.fr/
Tes senseï (d’avant et d’aujourd’hui) : Roger PIARULLI (3 fois champion de France combat, 3 fois vainqueur de la Coupe de France combat, 8 fois champion de France technique, vainqueur de l’Open de Corée technique…)

 

Les 10 questions

1 – Pourquoi et quand as-tu débuté les arts martiaux ?

Totalement par hasard, en sortant du service militaire et après 12 ans de football.

Je voulais essayer un cours de Karaté mais, ce soir là, il y avait un cours de Taekwondo dans la salle… Je n’ai jamais arrêté depuis.

2 – Pourquoi continuer ?

Par passion…

3 – Les orientations de ta pratique ?

La plus complète possible, avec une tendance actuellement à explorer une voie « réaliste » avec des applications concrètes en self-défense.

4 – Comment s’entraîner ?

Avec passion mais intelligence.

Le vieil adage « Pour avoir l’idée d’un geste, il faut le faire mille fois. Pour le connaître, il faut l’exécuter dix mille fois. Pour le posséder, il faut le répéter cent mille fois ! » n’est pas forcément, selon moi, le meilleur chemin.

Il vaut bien mieux comprendre le geste (la technique), appréhender ses composantes (ce que c’est, à quoi ça sert, comment ça marche) pour se l’approprier et pouvoir travailler « intelligemment », plutôt que de faire des répétitions sans fin avec l’espoir de s’améliorer « à l’usure ».

5 – Comment enseigner ?

Avec passion ET intelligence.

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement (et les mots pour le dire arrivent aisément). Nicolas Boileau-Despréaux (1674)

Si je ne comprends pas ce que je fais, si je n’ai pas une certaine maîtrise de ma discipline (de mon art, pour les puristes), je ne peux pas transmettre quelque chose de correct. Je peux apprendre à mes élèves (mes disciples…) à exécuter des formes (kata, poumsé, tao…) mais si je ne sais pas de quoi je parle, si je ne les éclaire pas, je forme des singes savants qui ne font que répéter une chorégraphie sans âme.

Et il faut bien évidemment prendre en compte l’apprenant (l’élève, le disciple…), son vécu, ses aptitudes, ses capacités. C’est à moi de m’adapter, et d’adapter mon enseignement, pas à lui (elle) de se hisser. C’est à moi de l’accompagner, de l’amener, pas à lui (elle) d’essayer de suivre.

Enfin il faut sans cesse évoluer, se remettre en question.
Sur sa pratique, sur sa discipline, sur son enseignement ou sa pédagogie, sur son public…

6 – L’évolution des arts martiaux ?

Clairement, la plupart des arts martiaux d’hier sont devenus des sports de combat ou de simples sports (sans rien de péjoratif).
A travers leur enseignement, leur pratique et leur(s) public(s).

Le graal olympique, pour le Judo et le Taekwondo – le Karaté demain peut-être – ont changé toute la donne. Les compétiteurs bouleversent profondément les règles (qui n’existent que dans le sport, pas dans les arts martiaux !) et donc la pratique, l’enseignement.
Les pratiquants « loisir » (sans rien de péjoratif là non plus) font modifier l’enseignement, la pédagogie, l’approche globale de la discipline.

L’enseignant (le prof, le Maître, etc.) doit s’adapter s’il veut survivre, s’il veut que son club perdure.

Ces publics sont à la fois plus exigeants (sur le contenu pédagogique, sur l’aspect ludique, sur leur progression, sur le résultat – santé, bien-être, confiance en soi, etc.) et moins exigeants (sur le contenu technique, sur un passage en compétition, sur une participation active à la vie du club, à des stages…)

L’offre est aujourd’hui tellement riche, de tellement de disciplines différentes, que le zapping sportif ou le « multi-pratiques » (plusieurs disciplines en simultané) sont monnaie courante et doivent être intégrés, et acceptés, par les enseignants.

Aujourd’hui, les pratiquants recherchent, à mon sens, soit une pratique sportive de loisir (et ils pourraient aussi bien passer au Badminton demain s’ils y trouvent un meilleur attrait), soit une forme d’efficacité dans leur défense personnelle (attractivité du Krav Maga) soit une pratique compétitive.

J’estime que la pratique « martiale » n’est quasiment plus enseignée car elle participe d’un mode de vie global plutôt que de la seule participation pluri-hebdomadaire à un cours, quelle que soit la discipline.

7 – Un enchaînement technique ?

Pied-poing, forcément…

Bandal tchagui (coup de pied ascendant, au niveau des côtes, et qui n’existe quasiment qu’en Taekwondo) et coup de poing direct au visage.

Simple et efficace (en relation avec l’orientation de ma pratique), même si on est loin de l’aspect spectaculaire du Taekwondo.

8 – Une anecdote ?

Membre de l’Ecole Nationale des Cadres de la FFTDA, j’ai vu arriver, en session de préparation à l’examen du BEES 1 un Maître Coréen qui voulait « officialiser » sa situation en obtenant un diplôme français.

Grand moment d’échange et de remise en question, des 2 côtés.

J’ai ensuite officié en tant que jury sur son examen.
Là aussi, grand moment d’humilité de sa part car, bien évidemment, tout le monde (candidats comme membres du jury) l’observait attentivement.
J’ose dire que c’est lui qui a eu les meilleures notes en pédagogie et à l’oral, et certainement pas de façon démagogique.
Il s’est profondément remis en question (y compris sur le plan culturel, vu le monde d’écart qui existe entre les sociétés asiatiques et occidentales) et s’est adapté, avec réussite.

Grande leçon !

9 – Un coup de gueule ?

La gestion des fédérations (la mienne en particulier), bien loin des attentes des clubs et des licenciés, totalement axée sur le haut niveau et les avantages que s’arrogent certains élus et cadres techniques.

10 – Le futur ?

Le futur c’est les pratiquants.

J’approche ma quarantième ceinture noire (en juin normalement) et je suis fier de pouvoir dire que la majorité pratique encore, notamment les 2 premiers qui remontent à … plus de 25 ans.

Ça doit vouloir dire que mon enseignement et les valeurs que je tente d’inculquer plaisent…
Je préfère 1000 fois former une ceinture noire qui continuera à pratiquer dans 15 ou 20 ans plutôt qu’un champion qui m’aura oublié dans 5 ans et abandonnera la pratique à la fin de sa carrière de compétiteur.

 Un grand merci Raymond pour tes réponses.

Vous pouvez retrouver tous ceux qui ont accepté de répondre à mes dix questions sur la page Les 10 questions

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