Jean-Pierre Lavorato dans Yashima

Souvent entendons-nous dire que les arts martiaux permettent, plus que toutes autres disciplines, de forger l’esprit parallèlement au corps.

Forger l’esprit, c’est le thème central choisi pour le sixième numéro de Yashima paru en décembre dernier.

Ah, l’esprit. Quel vaste sujet.
Malheureusement trop souvent associé à des pensées mystiques ou religieuses, l’esprit nous accompagne quotidiennement dans notre façon de faire, notre façon d’être et d’interagir avec la société.
Finalement, l’esprit est d’une certaine façon ce que l’on est.

Mis en avant ou non, le développement de l’esprit est intimement lié à l’apprentissage technique dans l’univers des arts martiaux. Que ce soit dans l’étiquette, dans une pratique sincère où l’on s’engage et se dépasse ; que ce soit directement pour nous ou pour nos partenaires. Les arts martiaux forgent l’esprit autant que le corps et c’est par ce savant mélange que l’on voit éclore des gens biens, des exemples, des guides, parfois des maîtres…

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Jean-Pierre Lavorato et ses redoutables techniques de jambes

Combatif et vaillant dans ses jeunes années de compétiteur. Travailleur acharné et toujours aux avant-postes pour montrer l’exemple. Fidèle à son maître et à son Karatedo. Sincère et enthousiaste dans sa pratique quotidienne et au sommet de sa technique à soixante quinze ans.
L’esprit de Jean-Pierre Lavorato a sans aucun doute été forgé par sa pratique du Karatedo.

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Quarante ans auprès de son senseï, Kase Taiji

20 avril 2005, c’était le jour de mon premier stage avec ce senseï qui allait grandement impacter ma pratique. Quinze ans maintenant que je me rends chaque saison à plusieurs de ses stages. Je l’ai vu évoluer, je l’ai vu progresser et j’essaie de continuer à m’en inspirer.

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Il y a longtemps dans une galaxie lointaine !!!

Jean-Pierre Lavorato m’a fait l’amitié de m’accorder une entrevue que vous pouvez retrouver dans le numéro 6 de Yashima.

Il y est question de ses débuts, sa pratique avec Kase senseï, son enseignement, l’évolution du Karaté, …
Malheureusement, bloqué par la mise en page, l’intégralité n’a pu être publié.
Voici donc quelques extraits supplémentaires qui viendront parfaitement s’additionner à la lecture de votre magazine.

N. Lorber : Que conseilleriez-vous à quelqu’un qui voudrait faire du Karatedo ?

JP. Lavorato : Déjà, je pense qu’il faut se faire plaisir. Faire quelque chose sans y prendre plaisir, c’est déjà un handicap.

Le Karatedo, c’est complexe, mais je pense que ça vaut le détour. Le Karatedo a une grande valeur. On travaille les deux côtés donc c’est équilibré. Pour la santé et la souplesse c’est très bon. Et comme bâton de vieillesse, je crois que c’est bien aussi.

Parce qu’en pratiquant le Karatedo on peut pratiquer toute sa vie. Si on pratique un sport comme le rugby par exemple, cela s’arrêtera à un moment donné. Tandis que là non, chacun à son rythme, chacun avec son âge, avec ses propres réflexions, avec ses propres muscles et ses propres articulations aussi parce qu’en vieillissant elles nous rappellent à l’ordre. Le Karatedo, c’est possible pour tout le monde.

Selon vous, quelles sont les qualités à développer pour un pratiquant ?

Il y a la souplesse déjà. Pas forcément faire des étirements extraordinaires, mais plutôt avoir de la souplesse dans ses techniques.

Ensuite, l’explosivité. Et qui dit explosivité, dit vitesse, dit puissance. Ce sont les clés.

Il y aurait également le mental mais ce sera lié. En travaillant sérieusement et fort, on développera un certain mental.

Pouvez-vous nous donner quelques conseils pour développer de bonnes techniques ?

Points d’appuis, transferts de poids, tout cela est lié avec le placement du bassin. Il faut que le bassin soit basculé vers l’avant pour avoir une bonne stabilité. On parle toujours des pieds qui stabilisent, mais le bassin est le centre de tout. Le centre avec le hara, le ventre.

Pied dans l’axe, genou dans l’axe, ça aussi c’est important. Puis il y a le regard, la respiration, le corps droit.

Après il faudra aller vite, mais il faut d’abord finir les mouvements. Si le mouvement n’est pas fini, il peut aller vite, il n’est pas fini (rire). Le finir avec vitesse, stabilité et efficacité à l’arrivée, c’est autre chose.

Pour résumer, il faut étudier le mouvement avec le bon geste lié à un bon placement de corps. Ensuite il faudra mettre le maximum de vitesse pour avoir un maximum d’impact.

En voyageant partout pour vos stages, arrivez-vous à transmettre ce que vous souhaitez et à voir les gens progresser ?

Je n’ai pas d’attentes particulières, j’essaie juste de faire passer un message. Je ne mets aucune pression sur les pratiquants ou les enseignants, jamais ils ne m’entendent dire qu’il faut faire comme cela et pas autrement.
Par contre, oui, je vois des pratiquants progresser.

Un mot sur les grades ?

Il faut concrétiser à un moment donné notre pratique. Et dans les arts martiaux, cela est symbolisé par des grades.

Après il y a grade et grade.
Il y a celui qui a passé un grade et qui ne s’entraîne plus. Je ne critique pas...
Et il y a celui qui a passé des grades et qui s’entraîne pour aller encore plus loin. Pas forcément pour un autre grade d’ailleurs, mais il veut aller plus loin dans sa pratique.

Moi je leur dis « entraînez-vous ! ». Vous avez des problèmes de santé ou autre, vous travaillez moins vite, moins fort mais entraînez-vous. Sinon on perd. On ne peut pas vivre sur des acquis. C’est impossible.

Pouvez-vous nous parler du kime et du kiaï, des termes très souvent abordés par les karateka ?

C’est un grand mot ça ! On parle de kime mais qui a vraiment le kime et qui ne l’a pas ? On cherche tous à avoir une certaine efficacité. On peut appeler ça le kime. Après est-ce qu’on l’a ? Est-ce qu’on ne l’a pas ? Je ne vais pas m’aventurer dans ce domaine. Je pense que j’ai encore beaucoup de boulot à faire.

Et le kiaï, c’est la continuité. L’énergie partant du ventre et qui s’entend par l’arrière gorge. C’est cette libération d’énergie que l’on doit avoir. Un haltérophile qui lève une barre, c’est une forme de kiaï.

Comment fut créée l’International Karatedo Academy ?

J’ai créé l’Académie à la demande de certains élèves. Au départ, ça ne m’intéressait pas, mais maintenant je suis content. Par contre, je n’en parle pas, donc nous ne sommes pas beaucoup.

Il ne s’agit pas de se démarquer de quoi que ce soit ou de créer une fédération supplémentaire. Moi je suis FFK, c’est ma fédération de Karaté. Donc mon Académie y est également, avec des gens autour de moi qui ont envie de faire le Karatedo que je propose.

Si j’avais écouté certaines personnes, ils voulaient carrément fermer les portes et que seuls les gens de l’Académie puissent s’entraîner avec moi. Ça c’est hors de question. Le Karatedo c’est pour tout le monde, quelque soit sa religion, sa couleur, peu importe. Pour moi le Karatedo est ouvert à tout le monde, sans exception.

Sans titre - 1 copier
Un esprit et un corps forgé par la pratique du Karatedo

yashima-hny-

2 commentaires

  1. Un grand personnage ! J’ai été très heureux de pouvoir assister a son dernier stage à Brest après plusieurs années de pratique chaotique de ma part. J’ai retrouvé un grand JP Lavorato pour deux heures de pratique qui ont filées à toutes vitesses. Le sensei n’avait pourtant pas truqué la pendule ! Il paraît que le temps se compresse quand on fait ce qu’on aime.
    Bel article encore une fois, je reviendrai, c’est sûr. 👍😉

    Aimé par 1 personne

  2. Ayant participé à quelques stages avec JP Lavorato , il est vrai qu’il nous offre énormément.!!!!!(et de quoi se remettre en question et travailler, travailler encore! )
    D’une extrême gentillesse et qui s’adapte à tous les grades quelqu’i Soient.
    Respect. Et encore merci à lui pour sa transmission.

    Aimé par 1 personne

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