Faut-il céder à la mode self-défense ?

Faut-il céder à la mode self-défense ?

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Tout d’abord passons outre les situations extrêmes type attentat, tuerie de masse, ou le cas de vrai prédateur, car face à cela, on ne sait jamais comment on réagira sur le moment. Et fort heureusement, cela n’arrive pas à tout le monde.

Je vais parler ici de ce qui intéresse finalement la plus grande partie des gens qui veulent faire de la self-défense. A savoir, ne pas se faire embêter dans la rue ou un lieu public et savoir s’en sortir si la personne devient agressive et en vient aux mains.

Qu’est-ce que la self-défense, auto-défense, ou défense personnelle ?
Il s’agit d’être en capacité de défendre sa personne, et ceux qui nous entourent.

Comment ???
C’est la question importante, comment faire pour acquérir des compétences qui me permettront de me défendre, ou de défendre quelqu’un d’autre si cela devient nécessaire.

Personellement, je divise cela en 3 domaines

  • l’émotionnel
  • le situationnel
  • le combat

Je les classe volontairement dans cet ordre car c’est je pense leur ordre d’importance. Et oui, le combat est pour moi le dernier.

L’émotionnel

Les humains comme les animaux peuvent immédiatement repérer le plus faible du groupe. C’est quelque chose que tout agresseur a encore plus développé que la personne lambda qui n’a pas idée d’aller s’attaquer à quelqu’un d’autre.
C’est pour cela qu’un des facteurs essentiels pour ne pas se faire agresser est déjà d’être bien dans sa peau, dans son corps, dans sa tête.
Quelqu’un qui marche à une allure régulière et normale, en regardant droit devant, a beaucoup moins de chance de se faire aborder que quelqu’un qui marche la tête dans sa capuche et regardant par terre et en traînant des pieds pouvant inconsciemment montrer son malaise, ou avec un rythme accéléré pouvant lui montrer son angoisse.

Ne pas montrer ce que j’appellerais des « émotions cibles » à un potentiel agresseur est donc la chose numéro 1.

Le situationnel

C’est tout ce qui va tourner autour de la situation, de la stratégie, de la tactique à mettre en place pour se défendre, ou plutôt idéalement pour ne pas avoir à se défendre. Car en effet, si l’on gère bien cela, on ne devrait jamais se retrouver en situation d’affrontement.

Quelques exemples :

Ne pas rouler en voiture avec la fenêtre ouverte car lors d’un arrêt cela donne une porte d’entrée à un potentiel agresseur.

Ne pas se balader seul, car la plus grande partie des agressions ont lieu sur quelqu’un de seul et d’isolé.

Ne pas avoir d’habitudes observables, ne pas partir ou rentrer toujours à la même heure, ni par le même chemin.

Dans un café ou un restaurant, ne pas s’installer sur les premières tables et dos à l’entrée. Préférer un endroit ou l’on peut observer la salle sans être pris au dépourvu.

Dans un lieu public, toujours rechercher où sont les issus de secours afin de ne pas avoir à chercher s’il faut fuir.

Bien sûr ne pas se retrouver fatigué ou ivre sur la voie publique ou dans un bar…

Mais aussi, ne jamais être sur la réserve d’essence pour pouvoir rouler plusieurs kilomètres sans s’arrêter si nécessaire, toujours avoir quelques chose à boire et à manger à porter au cas où l’on ne puisse pas sortir, toujours avoir de la batterie sur son téléphone…

De très nombreuses choses qui peuvent n’avoir rien à voir mais qui en fait peuvent avoir un intérêt primordial.
Après bien sûr, il ne faut pas devenir parano et imaginer que l’on risque sa vie à tous les coins de rue. Sinon on ne vit plus, on n’est pas bien dans sa peau et l’on retombe dans un cas émotionnel d’une cible évidente.
Dans le cas où l’on s’approche d’une opposition, que le ton monte, et que les premiers coups sont prêts à s’enclencher. La phase émotionnelle pourra aussi reprendre le dessus, et notre comportement entraîner ou éviter l’affrontement.
Quelqu’un qui garde son sang-froid, et reste posé pourra peut-être éviter le combat.
Quelqu’un qui s’énerve, risque lui d’envenimer les choses.

C’est pour cela que l’émotionnel est vraiment très important.

Le combat

Que l’on soit clair, un coup de poing est un coup de poing. Le combat, c’est le combat. Il peut y avoir des règles, ou pas, mais les principes de base sont les mêmes. C’est pour cela que N’IMPORTE QUEL ART MARTIAL OU DISCIPLINE DE COMBAT APPREND d’une certaine façon A SE DÉFENDRE, sous réserve qu’elle soit correctement enseignée bien évidemment.

Et cette étape du combat n’arrivera que très très très rarement si la personne sait gérer émotionnel et le situationnel.

Il faudrait ajouter à tout cela les règles issues de la loi comme celle de la légitime défense en France qu’il est important de connaître quand on arrive à la situation de combat… et heureusement beaucoup plus rarement que l’on voudrait nous le faire croire. Car bien que l’on nous signale chaque jour l’insécurité par différents médias, il y a de nos jours moins d’agressions et d’homicides, et ce malgré la hausse de la population.

Ceci étant dit, je pense que la self-défense comme elle est vue aujourd’hui n’est pas une discipline. Il s’agit plutôt d’un thème que l’on peut aborder dans des cours, quel que soit l’art martial ou le sport de combat que l’on pratique. Evidemment, on peut aussi y consacrer l’ensemble de sa pratique, mais personnellement je trouve cela dommage car à mon avis ce n’est pas un bon moyen d’épanouissement personnel.

Selon moi, une discipline de défense ne serait pas une discipline de combat. Ce serait plutôt une discipline tactique et stratégique, une discipline de réflexion, sur le monde et sur soi. Le combat ne serait qu’une sorte d’« option supplémentaire ».

Alors que faire ?

N’importe quelle activité qui vous mettra en valeur vous fera évoluer sur votre côté émotionnel. Et de ce fait participera à votre auto-défense. Vous pouvez faire du théâtre, du chant, participer à des ateliers de lecture ou bien sûr faire un art martial. Cela vous fera vous exprimer devant du monde, vous mettra en avant et vous obligera à relever la tête tout en augmentant votre estime de vous-même. C’est de loin le plus important pour éviter tout problème de mise en danger de votre personne.
Deuxièmement, n’hésitez pas à prendre quelques minutes pour réfléchir, sans devenir parano, à votre fonctionnement habituel pour mieux appréhender l’aspect situationnel. Et ainsi éviter de pouvoir vous retrouver bêtement en mauvaise posture.
Enfin, vous pouvez mettre toutes les chances de votre côté en pratiquant un art martial ou un sport de combat qui vous sera utile s’il y avait, un jour, un affrontement.

Mais choisir de pratiquer un art martial pour se défendre, c’est comme choisir de faire du surf pour apprendre à nager. La nage n’est qu’une infime partie de cette discipline, et finalement, qu’un à-côté.
Beaucoup de personnes commencent les arts martiaux pour savoir se défendre, mais quasiment aucune ne continue pour cela. C’est d’ailleurs pour cette raison que dans les disciplines assimilées à la défense, beaucoup arrêtent rapidement au bout de quelques mois, et parfois même quelques semaines. Car une fois investi dans une discipline, on fait inconsciemment travailler son côté émotionnel. Et une fois que cette estime de nous et la confiance sont retrouvés, que l’on n’a plus peur, cela nous devient inutile. Donc on arrête, ou l’on continue mais pour un tout autre motif dans ce cas. Motif qui n’existe que rarement dans un cours accès uniquement sur la défense, expliquant donc logiquement le très grand turn over qu’il y a dans ce genre de cours.

Pour conclure

Eviter le combat est le seul moyen d’être vraiment certain de gagner. Dans l’opposition, que ce soit un combat sportif ou une agression, le meilleur moyen de ne pas être touché est tout simplement de ne pas être là.
Pour être victorieux, les aspects émotionnels et situationnels seront bien plus importants que celui du combat. Et donc pour être victorieux, mieux vaut chercher simplement à vivre heureux. Choisissez donc votre discipline par intérêt, par passion, par envie… et non pour une « fausse » nécessité.

nico alex simon budotaikai2017
Du combat oui, mais la passion et le plaisir de se retrouver avant tout

8 commentaires

      • Re-bonjour Nicolas, il y a trois volumes je crois, pas faciles à trouver. Il faut fouiller le net et … les payer assez cher !! Je n’ai lu que le premier, il est vraiment intéressant, « éclaircissant ». Je te le prêterais volontiers mais j’habite de l’autre côté de la planète … merci pour tes réflexions. Fred

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  1. Très bon article. En effet Neurocombat 1 est très sympa (pas extraordinaire, mais il pose quelques bases intéressantes).

    Le surf c’est génial 😉 et en plus le premier truc qu’on m’a appris en surf ( à savoir se protéger la tête avec les bras quand on tombe pour se préserver des coups de dérive) m’a déjà préservé d’une grosse blessure et est aussi un excellent réflexe de protection en cas débordement.

    En ce sens je te rejoins sur le fait que de nombreuses activités (hors AM) nous aident en situation de « défense » soit car on y éprouve notre rapport au groupe soit pour les apports physique ( je rejoins pas mal d’enseignants qui disent que la base c’est la course en self-défense et donc que je jogging ou le foot sont plus efficace à court terme que les techniques de combat).
    Bref, merci de partager tes réflexions !

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    • Bonjour Matthieu,
      et merci pour ton commentaire.
      Content de voir que mon point de vue rencontre des similitudes avec d’autres parcours ici ou là.
      Heureux que cet article t’ai intéressé.
      Bonne continuation.

      Nicolas

      Aimé par 1 personne

  2. Bonjour,
    J’ai beaucoup apprécié votre article. Vous avez conceptualisé, ce que je n’arrivais pas à formuler et je trouve que la problématique de la défense personnelle est posée de manière globale. La composante émotionnelle peut se travailler en dehors de la salle de sport, elle est de plus rarement prise en compte dans les cours de self défense.

    Un très grand merci pour votre travail.

    Patrick

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    • Bonjour Patrick.
      Merci de m’avoir lu. Je suis très content que mon article vous ait intéressé.
      C’est vrai que lorsqu’on parle de défense on imagine immédiatement l’affrontement et le combat, alors que l’aspect émotionnel est prépondérant.

      Bonne continuation à vous

      Nicolas

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