STOP, nous passons trop de temps à apprendre à prendre des coups !

Et si notre pratique des arts martiaux ne faisait que nous apprendre à perdre, à prendre des coups ?

STOP

Avez-vous déjà vu un boxeur servir de cible et rester immobile pendant qu’on lui met des coups ? NON
Il bouge et se protège en tout temps.
Même lorsque quelqu’un tient les pattes d’ours ou les paos pour un autre, il bouge et se protège.

Alors pourquoi dans les arts martiaux apprenons-nous dès le plus jeune âge et jusqu’aux plus hauts grades à rester immobile pendant que l’autre effectue ses frappes ?

Oui, le karaté est reconnu pour sa maîtrise et son contrôle des frappes. Etre capable de frapper à pleine puissance et s’arrêter juste au contact de la cible n’est pas facile. Et il est évident qu’il est important de maîtriser son corps et ses frappes pour avoir la possibilité de frapper efficacement et éviter les accidents durant la pratique. Néanmoins, si ce travail est intéressant, éducatif et utile, je regrette qu’il soit devenu la norme. Car au final, pendant que l’un apprend à frapper, l’autre n’apprend rien d’autre que recevoir des coups sans broncher.
Bien sûr, cela apprend la confiance en ses partenaires et le courage de faire face à une frappe. Mais une fois que cela est compris et acquis, pourquoi continuer ?

Tout ce que nous faisons, notre cerveau et notre corps l’enregistrent.
Et c’est ainsi, qu’après plusieurs années de pratique, ce qui en ressort est que:

– Nous savons faire de fausses attaques.
Personne ne fait une attaque en cherchant à la stopper juste avant la cible, gardant le bras tendu, et en restant immobile à la fin pour être certain que l’autre puisse nous frapper…
Personne, sauf les pratiquants d’arts martiaux.

– Nous savons faire de fausses esquives, de fausses parades.
Face à une fausse attaque, hors distance et sans intention, une fausse esquive ou une fausse parade marchent toujours très bien. Mais personne ne frappe jamais quelqu’un hors distance et avec l’intention de se stopper pour ne pas blesser l’autre…
Personne, sauf les pratiquants d’arts martiaux.

– Nous savons faire de fausses contre-attaques.
Puisque l’on s’entraîne à stopper sa frappe juste avant qu’elle touche une cible immobile.
Encore une fois, dans n’importe quelle situation réelle, personne n’attendra pour avoir le plaisir de se faire frapper…
Personne, sauf les pratiquants d’arts martiaux.

– Nous n’avons plus peur de voir un coup de poing ou de pied arriver vers notre tête.
Tout le monde a normalement au fond de lui une certaine crainte de prendre un coup.
Tout le monde, sauf un pratiquant d’arts martiaux. Et ça tombe bien, car il risque d’en prendre beaucoup 😦 .

Si aujourd’hui je parle de cela de manière ironique, le constat est néanmoins réel et accablant. Et après cela il ne faut pas s’étonner de la baisse de crédibilité des arts martiaux dits traditionnels.

Je ne dis pas qu’il n’y a pas un temps pour cela. Je suis conscient que parfois, l’apprentissage nous oblige à modifier une situation de travail pour développer telle ou telle chose chez l’un ou l’autre des partenaires. Mais attention à ce que cela ne devienne pas la norme, notre habitude inconsciente.
Je sais de quoi je parle, j’ai fait cela durant de longues années avant d’en prendre conscience. Que de temps perdu ! Heureusement que ce temps m’a permis de développer d’autres qualités car sinon quelle désillusion cela aurait été.

Bien sûr beaucoup de pratiquants diront que c’est vrai, ils font cela, mais dès qu’ils font du combat il ne le font plus. (ou croient qu’ils ne le font plus ???)
A ceux-là, je réponds, pourquoi alors continuer à le faire autant ? Vous perdez du temps que vous pourriez consacrer à travailler autre chose de plus profitable.

Sur le temps que l’on passe à travailler un exercice, que le uke reste immobile quelques répétitions pourquoi pas. Que le uke « se laisse faire » en fin de technique pour que le partenaire puisse avoir la sensation de l’enchaînement complet, bien sûr. Mais la plus grande partie du temps, il faut faire des vraies attaques et immédiatement se protéger et reprendre sa capacité de mouvement, bouger et se protéger. Il faut également vraiment bouger pour esquiver ou parer, et fluidifier son travail pour espérer qu’une contre-attaque aboutisse. Tout cela en reprenant immédiatement sa capacité de mouvement pour bouger en se protégeant encore une fois (et toujours).

Je sais que dans la majorité des cas, tout cela est fait gentiment pour permettre au partenaire de réussir sa technique ou son enchaînement Mais aucun débutant ne fait cela, uniquement les pratiquants d’arts martiaux malheureusement trop stéréotypés. Mais si on lui ment, peut-on alors parler de sincère gentillesse avec le partenaire ? Mieux vaut-il tricher pour lui faire croire qu’il est compétent, ou faut-il plutôt être sincère et lui montrer ses erreurs pour qu’il le devienne vraiment ?
Il est inutile de passer du temps où finalement il n’y a qu’un seul des deux partenaires qui travaille, et en plus pour de faux. Mettons plutôt ce temps à profit pour que chacun travaille à chaque instant. Que chacun fasse ce qui est le plus logique, utile et vraisemblable pour lui. Que chacun soit en capacité de bouger, de se protéger, de frapper. C’est ainsi que les deux partenaires progresseront en tout temps. Avec bienveillance et entraide, oui, mais pas en faisant semblant.

 

2 commentaires

  1. Rester mobile ou immobile au moment de l’attaque dépend de votre encadreur . Votre article pose en d’autres termes la problématique de l’évolution du système pédagogique des arts martiaux . Ce qui est important c’est d’article par exemple à se défendre sur une attaque de coup de poing ou coup de pied une fois que l’élève a bien assimilé le concept de la défense ,on peut donc y ajouter de plus en plus de réalisme comme le déplacement ou des combinaisons.

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