Le Karaté devient sport olympique

anneaux-olympiques

C’est fait, mercredi 3 août, la réunion du Comité International Olympique a voté l’introduction du Karaté en tant que sport additionnel pour les Jeux Olympiques de Tokyo de 2020.

Pour les instances et de très nombreux karatekas, c’est l’aboutissement de longues années de travail. En effet, toute la partie sportive du Karaté s’est organisée ces dernières années afin de coller à « l’idéal olympique ».

  • Modification du règlement donnant plus de points aux coups de pieds et projections pour favoriser le spectacle.
  • Mise en place des couleurs rouge et bleu afin d’avoir une meilleure visibilité et compréhension pour les arbitres et spectateurs
  • Augmentation du nombre de protections : aux mitaines et protèges dents se sont ajoutés les protèges pieds, tibias, puis même plastrons à l’international. Casques pour les plus jeunes. Protections faciales pour les cadets internationaux…
  • Modification des catégories d’âges, et de poids (qui finalement ne seront pas celles des JO…)
  • Modification de l’organisation des grandes compétitions internationales pour en faire un plus grand spectacle.
  • Utilisation de la vidéo

Bref, cela a porté ses fruits, et les fédérations feront tout leur possible pour que la discipline soit confirmée au programme des futures éditions, et peut-être Paris 2024.

Mais devenir sport olympique, qu’est ce que ça change ?

Avantages

Quand on parle de sport, clairement, il y a ceux qui sont olympiques, et il y a les autres.

Visibilité : Les jeux olympiques augmentent considérablement la visibilité d’une discipline, des instances politiques jusqu’au plus grands médias.

Financement : Nul doute que les anneaux olympiques multiplient les financements et sponsors.

Logistique : En terme organisationnel, il est vrai que les sports olympiques peuvent bénéficier d’aident encore plus important.

Personnel : Il y a des cadres d’état (dépendant du ministère des sport mais travaillant pour une fédération) dans chaque fédération sportive délégataire. Mais être sport olympique les multiplie grandement. Pour information, il y a quelques années j’avais comparé le karaté et la lutte. La lutte, sport olympique qui comptait dix fois moins de licenciés, avait pourtant quatre fois plus de cadre d’état que le karaté. Soit un rapport quarante en comparaison au nombre de licenciés…

Inconvénients

Le Karaté est à l’origine un art martial. Et malheureusement, à l’instar du Judo et du Taekwondo, l’olympisme à tendance à « demander l’exclusivité », obligeant les fédérations à mettre de côté la pratique que l’on appelle généralement martiale ou traditionnelle.

Attention donc à ne pas perdre ses racines, ses fondements techniques et sa morale. Malheureusement, je crois que les évolutions de ces dernières années qui nous emmènent aujourd’hui aux jeux olympiques, sont peut-être déjà allées trop loin. La spécialisation de la compétition fait qu’aujourd’hui, peu de pratiquants étudient malheureusement l’ensemble des aspects de la pratique du karaté. Et je pense que cela fait que l’on perd une chose essentielle de la pratique martiale, l’état d’esprit.
Mais après, chacun fait le choix de ce qui l’intéresse, et il faut l’accepter.

La compétition sportive n’étant qu’une très petite partie de la pratique globale du Karaté, elle ne concerne finalement qu’une petite partie de ses pratiquants.
L’avantage de l’art martial, c’est qu’il s’adresse à tous les publics, des très jeunes enfants aux personnes âgés. Attention donc à ne pas trop favoriser le coté sportif en espérant glaner les avantages cités précédemment, car dans ce cas on écartera forcément la plus grande partie des pratiquants. Ainsi la pratique globale du karaté (et ses bienfaits) deviendrait alors marginale et ne serait malheureusement plus accessible à tous.

Mon avis

Personnellement, je n’ai jamais été un grand supporter du Karaté aux JO. Ou plutôt disons que je préfère ce que l’on avait jusqu’à présent, à la mauvaise chose que cela pourrait devenir. J’attendais donc de voir ce qui allait arriver.

Etant un amoureux du Karatedo dans son ensemble, j’avoue avoir peur des dérives possibles que l’olympisme peut engendrer à terme.

En fait, je voudrais le beurre et l’argent de beurre.

Je souhaite que la partie sportive se développe et apporte la lumière sur la discipline dans son ensemble. Mais je souhaite aussi que les racines soient préservées et qu’il y ait un renouveau de la pratique globale du karaté. Je suis triste lorsque je vois de grands champions qui une fois leur carrière de compétiteur terminée, quitte le karaté, ou se consacre uniquement à l’entraînement de compétition. Quand je vois d’anciens grands compétiteurs comme Dominique Valéra, Jean-Pierre Lavorato, Bernard Bilicki, Jaques Tapol, Alain Le Hetet, ou Didier Lupo, ils ont tous su passer à autre chose et développer un Karaté qui leur convient, et qui ne se restreint pas à la pratique sportive. Et j’espère vraiment que cela perdurera dans le futur avec les générations qui arrivent.

Mais le plus important, c’est que c’est à nous pratiquants, de faire ce qu’il faut pour que le Karaté réussisse sur tous les plans. Qu’il évolue, tout en gardant sa noblesse. J’en reviens au slogan que j’avais donné au dojo lorsque je l’ai ouvert:

L’évolution dans le Respect des Traditions

On y est, c’est une étape importante.

Alors allons pratiquer, et partageons nos expériences…
Pour le bien du Karaté. Celui qui nous a été transmis. Celui qui nous a tant donné. Celui qui nous a tant fait évoluer.

karate tokyo 2020

Un commentaire

Laisser un commentaire